Autrefois bouleversée, aujourd’hui activiste

De nombreuses personnes hétérosexuelles se sentent encore peu concernées par le VIH. Pourtant, cela peut aussi toucher des personnes cis-hétéro, comme Julia. À 33 ans, elle vit avec le VIH depuis 12 ans et est désormais activiste. Mais au début, elle a dû faire face à l’hostilité de celleux qui lui étaient les plus proches.

Santina Russo, journaliste scientifique

Avant sa relation, Julia avait fait un test VIH, qui s’était révélé négatif. Son petit ami Mark (nom d’emprunt) avait lui refusé de faire un test. Un an plus tard, lorsqu’elle a donné des échantillons de sang pour une transplantation de moelle osseuse, Julia a découvert qu’elle vivait avec le VIH. « J’ai pensé : c’est fini, je vais mourir ». Comme beaucoup d’autres femmes cis-hétérosexuelles, Julia était mal informée sur le VIH. Elle ne savait pas qu’à l’époque, le VIH pouvait déjà être traité efficacement. Aujourd’hui, elle a accepté ce qui s’est passé. Mais pendant longtemps, elle était en colère contre son ex-petit ami, car il lui avait transmis le VIH et parce que sa façon de gérer la situation était inacceptable. En effet, lorsque Julia a appris qu’elle vivait avec le VIH, il est devenu évident que c’était aussi le cas de Mark. Ses parents refusaient d’accepter cette réalité et préféraient qu’on ne parle pas du VIH. Lorsque Julia a révélé son statut à une amie, les parents de Mark ont cessé de lui adresser la parole pendant plusieurs jours.  « C’était comme si j’avais commis un crime ».

Le VIH touche aussi des personnes hétérosexuelles

« Si je repense à tout ça, je suis fière d’où j’en suis aujourd’hui ». Julia s’est rapidement éloignée de la famille de son ex-petit ami. Cela a été une étape importante pour elle. Elle a commencé un traitement et a parlé de plus en plus de sa vie avec le VIH à ses ami·x·e·s. « Aujourd’hui, je m’aime à nouveau et je pourrais gérer si quelqu’un refusait mon amitié en raison de mon statut VIH ».Elle remarque à quel point les gens sont mal informés sur le VIH. En 2024, seulement 18 % des personnes interrogées en Suisse savaient qu’une personne vivant avec le VIH sous traitement ne peut pas transmettre le virus. « Je trouve choquant de voir à quel point la question de la protection est encore peu présente dans les esprits ».

De la quête de soi à la mission

Aujourd’hui, Julia s’engage elle-même dans la sensibilisation. En 2023, elle a été le visage de la campagne de l’Aide Allemande contre le VIH et a participé à des tables rondes. « Il est important pour moi d’ouvrir les yeux des gens sur la réalité du VIH ». Elle raconte qu’une gynécologue lui a demandé si elle était usagère de substances simplement parce qu’elle vivait avec le VIH. Pour Julia, tout va bien aujourd’hui. Elle vit en couple, fait du sport et sait qu’elle pourra avoir des enfants comme n’importe qui. Depuis octobre 2023, elle vit à Zurich avec son petit ami. Elle poursuit un master en sciences agricoles et commencera bientôt à travailler bénévolement pour « Santé sexuelle Zurich »..